20121122

Mon père est comme ça



Mon père nous embrassent. Il boucle ses valises, se dirige vers la porte et promet de nous écrire. Ça fait 30 ans que ça dure. 30ans qu’il range ses affaires dans sa valise et nous quittent ma sœur, ma mère et moi. 


Nous restons sur le palier de la porte et le regardons partir.  De son pas lent mais ferme, il se dirige vers l’ascenseur. 
Il appuie sur le bouton et se retourne vers moi. Il a cet air que je lui connais,  il me fait un clin d’œil.  
Je sais qu'il sera de retour dans quelques heures. Il aura été dans quelques bars du quartier ou plus loin voir des femmes. Puis il remontera dans l’appartement familial sa valise à la main, l’air défait et le souffle court.
Il sonnera. Ma mère lui ouvrira la porte et lui jettera un regard qui le clouera sur place. 

Il continuera de décomposer sur place, d'avancer quelques excuses que ma mère se contentera d'ignorer. 


Elle aura sur les lèvres comme un rictus , un air de triomphe. Mon père vaincu, soumis se trainera jusque dans la chambre ranger ses habits qu’il ressortira dans un mois.

Mon père est comme ça.

Sauf que ce matin il ne m’a pas fait ce clin d’œil qui me dit qu’il va revenir. Il a rangé ses affaires, claqué la porte, marché sur le tapis moelleux et appuyé sur le bouton de l’ascenseur, mais il n’est jamais revenu.

Il n’est jamais remonté les escaliers quatre à quatre, ni sonné à notre porte ou agenouillé devant ma mère.

Il n’a plus rangé ses affaires dans aucune armoire de la maison.

Ma mère est morte depuis. Je ne vois plus ma sœur.

J’attends depuis ce jour que mon père revienne.

Je range mes affaires dans une valise. Je regarde mes enfants.Je me dirige vers la porte. 


Je marche d’un pas décidé jusqu'à l’ascenseur. Le tapis moelleux étouffe mes pas. Je me retourne et regarde mes enfants sue le palier. 


Je leur fais un clin d’œil. Ils savent que je reviendrai.

  

20121121

LA POURSUITE DU BONHEUR

Je croyais avoir tout lu de lui. Poèmes et romans. Mais en lisant une bio non autorisée j'apprends qu'un recueil manque a l'appel. La poursuite du bonheur. Je croyais tout savoir de lui. La bio de Denis Demonpion me prouve le contraire. Je le croyait détestable mais s'est encore pire. Épouvantable. L'homme que l'on aime haïr. Il doit probablement jouir de ce sentiment de répulsion qu'il inspire. Ce côté provoque cher à Nabe, Hallier, Ardisson. 

Ce côté vous me méprisez mais je vous méprise encore plus.


C'est ce que j'ai répondu à quelqu'un qui me disait qu'untel ne m'aimait pas beaucoup :"si cette personne savait ce que je pensais d'elle , elle me mépriserait encore plus". 

Je crois que j'aime bien ce qu'écrit Michel Houellebecq sans trop aimer le personnage quoique je ne suis pas sûr que l'on puisse séparer l'un de l'autre. Son air malpropre et son teint malsain lui vont bien. Je n'imagine pas l'écrivain des Particules ou Extension comme un sportif au teint bronzé. 

Michel H. est un dépressif chronique ? tant mieux nous sommes en terres connues.

Pour ceux que cela intéresse j'ai joint l’œuvre dans ce post sait-on jamais.

 

20121112

Sortie de route...



Mon père me disait qu'il fallait soigner ses entrées comme ses sorties. Il parlait du théâtre. J'ai toujours soigné mes entrées jamais mes sorties, toutes en peau de banane ou eau de boudin. Les deux expressions me vont. Des tête-à-queue pour une tête-à-claque.

Il arrive toujours un moment ou les choses ne vont plus comme il faut. Difficile de mettre précisément le doigt dessus, de nommer ce moment, seulement le constat que quelque chose n'est plus. Un geste, une parole. Un long silence qui en dit trop.

Ce moment n'est jamais le même. Parfois la fin arrive au début. Parfois elle se fait attendre au point qu'on arrive presque à l'oublier. On s'habitue. On y croit. Le temps passe. Un jour comme les autres. Où plutôt non, un jour pas comme les autres vous remarquez que le temps passe différemment. Vous prenez conscience qu'il se passe quelque chose. Vous ne saisissez pas sur le moment et ça vous passe sous le nez. Vous n'êtes plus le même. Quelque chose à changé.

Il arrive que l'on se perde en route que l'on perde pied, le nord ou la raison. Qu'on se sache plus là ou commence ni ou se termine l'indifférence. 

Il arrive que l'on morde sur la ligne blanche ou sur la bande d'arrêt d'urgence et que nous oscillions dangereusement entre la vie et la mort avant de reprendre subrepticement le contrôle et nous ranger sur la bas-côté, le moteur arrêté, le cœur en chamade.

Une fois de plus nous sommes fier d'avoir su maîtriser la bête furieuse qui avait failli vous tuer mais que vos mains habiles sont parvenues à dompter au prix d'un effort surhumain.

On se rassure, on sourit puis on oublie.

Mais parfois le volant vous glisse des mains, vos gestes sont plus lents que d'habitudes, le manque de sommeil, l'abus d'alcool et de médicament ont émoussé vos réflexes. 

C'est le drame. La sortie de route.

Vous gisez a demi-conscient sur le bord de la route. Les autos passent mais ne s'arrêtent pas. Vous entendez le bruit des moteurs qui ralentissent puis qui repartent, vous imaginez le regard des automobilistes et vous vous dite que la fin est pour bientôt.

Vous tremblez mais vous n'avez pas froid. Vous ne sentez rien. Une douce sensation de plénitude vous envahi. Pour une fois vous êtes calme et détendu rien ne semble pouvoir sous atteindre. 

Vous vous détachez peu à peu de ce monde, seconde après seconde , minute après minute vous vous rapprochez de ce moment tant attendu.

La fin est proche vous le savez. Et pourtant vous souriez comme un enfant qui vient de naître.

Vous fermez les yeux. Le monde vous quitte et vous quittez ce monde.

Personne ne vous regrettera. Votre vie sur terre n'aura pas laissé plus de trace que celle que nous apercevons sur les routes. 

Il faut savoir soigner ses sorties... 

 

J'ai commencé ce blog en septembre 2007. En  relisant mes posts je vois l'évolution, moins de naïveté plus de noirceur et de vérité sans doute.

2012 s'achève lentement et ce blog aussi. 

Je veux terminer içi l'histoire de Monsieur Jean.

Nous verrons bien en 2013 quel ton, quelle forme où comment tourner mes phrases mais d'içi là je ferme la boutique.


20121104

Le monde est vaste. Je le regarde depuis la fenêtre

Quelqu'un que je connais disai "le monde est vaste. Je le regarde depuis la fenêtre ! " Je rajouterais depuis la fenêtre de mon bureau.

Quel vie étrange. Se lever , se laver, s'habiller et puis passer 9h,10h ou 12h dans un salle longue comme 3 terrains de tennis. Prendre le bus, faire à manger et puis se coucher. 

Je lis partout le déclin de la société Occidental et Européenne en particulier. Ne me dite pas que j'aurais travaillé pendant 25 ans pour rien, que tout ça va s'arrêter du jour au lendemain et que j'aurais passé plus de la moit de ma vie à regarder le monde défiler par ma fenêtre....

 

L'homme domestique

Ceux qui n'ont rien à dire n'ont qu'a fermer leur gueules. Je n'ai rien à dire ce soir alors je me tais. Et pourtant je fulmine, je bouillonne de l'intérieur. Mais je reste silencieux. J'ai envie de crever le plafond mais je reste là sur ma chaise. C'est lamentable ce manque d'énergie. Je suis devenu un homme domestique. 

Je fais la cuisine,je m'occupe de mes enfants, je reçois mes parents. Je vais au travail. Je rentre du travail. Je fais du sport. 

Et puis quoi ? 

Rien.

Le vide n'a jamais été aussi vide. 

Des intellectuels qui avaient survécu à l'enfer des camps ont dit que si il n'y avait pas eu la littérature, la poésie ils seraient morts. 

Ma condition n'a rien à voir avec la leur : je vis dans un îlot de bonheur. Privilégié parmi les privilégiés je ne peut pas me plaindre. Et pourtant je manque de tout. D'air, d'espace et de vie.

J'enrage. Je suis comme un lion dans un cage (dorée). Plus les années passent et plus je m'enchaîne à cette cage. J'ajoute un verrou, puis un autre verrou. 

Je me vide des mes sens. Ma vision se brouille et j'en viens à douter de mon esprit d'analyse. Vif et agile j'étais. Une grosse patate rétrograde je suis devenu.

Il faut que je bouge. 

Je reviens d'un séjour à New York. La ville qui bouge par essence. Je vois la vie qu'il faudrait mener. Mais je m'arrête. Je contemple sans broncher. Et je reprend mes petites habitudes. Ô comme je me haïs. 

Quand et comment trouverais-je le courage de tout rompre. Pousser cette porte. 

N'y a t'il rien que je puisse faire ? 

Attendre...il faut attendre. Mais qui ? Mais quoi ? et combien de temps. Je mourrais d'attendre. Je serais mort d'avoir trop attendu :

Ci-gît Jean-Marc Falconnet mort d'avoir trop attendu.

J'aime cette épitaphe. Je jure que je la ferai graver sur ce qui me servira de tombe.

En attendant cette heure (pourvu qu'elle ne vienne pas trop vite) je vais essayer encore une fois d'y croire. Croire que je vais déchirer le voile qui m'aveugle, briser la chaîne qui m'attache à ce sol. 


Emprisonné moi car je ne saurais pas quoi faire de ma liberté voila ce que je semble crier du fond de ma nuit. 


En attendant ma libération ou ma mort prochaine je prend quelques photos. Ce succédané de liberté me permet de résister tant bien que mal. Mais même ici mon assujettissement à la norme se fait ressentir. J'ai perdu mon "oeil". Il s'est fondu dans la masse. 

Quelconque

Mes photos sont quelconques. 

Je perd pied. Je perd la raison. Je perd la vue. 

Si le bateau coule alors il mieux la saborder et hâter la descente. Je n'ai jamais aimé les demi-mesures. Sur le bûcher je ferai parti de ceux qui souffleraient sur les braises pour attiser le feu.

Hâte toi lentement me disait mon père. Que savait il de ma souffrance lui qui était si accompli.

Homme inaccompli, inassouvi et en colère. 

Il est 22:30 dimanche soir. Je vais ranger mon amertume et me préparer pour la longue semaine qui m'attend. L'homme domestique que je suis va reprendre le dessus.